NATHALIE DE OLIVEIRA |
-« Bienvenue… »
Le cœur du
secrétaire de section de l’époque n’y est pas du tout, comme il ne le sera
jamais des années durant. Le ton de la voix est resté dans les gammes vaincues
de la défaite récente aux Présidentielles et aux Législatives de 2007, comme un
« La » sur la décennie
difficile à venir, entre renoncements majeurs malgré quelques sursauts de
valeur de temps à autre, au PS. Excepté ce jour unique de joie expressive qui a
guéri de bien des maux, celle de notre victoire du 6 mai 2012, la vie est
décidément très dure à l’école socialiste, tous les autres jours, pour la
majorité des siens, une école de douleur et d’espérance[1],
et ô combien pour cette espèce de camarades, heureusement plus nombreuses désormais,
dénommées « femmes ».
Les premiers
mots d’accueil sont flétris comme la Rose, l’absence de convivialité a mis à
mal notre fraternité. Là où l’émancipation de chaque individu est, sans cesse,
plaidée, on y pratique pourtant régulièrement l’injustice. Une injustice quasi
caractérielle, peuplée de conservateurs de tout poil qui s’ignorent, guidés par
la peur au ventre de la fin d’un long cycle politique éprouvé avant que le
suivant salutaire, n’advienne, car il s'inscrit dans le sens de l'Histoire.
Aussi, quelques tâches misogynes laides et tenaces incrustées dans le regard et
les gestes de quelques camarades fatigués doivent être effacées afin de
laisser, l’espoir lui, invincible, au creux de nos poings de lutter, lutter,
lutter au nom de la justice sociale.
Il y a des
réponses à toutes ces hontes et nous devrons répondre à toutes celles et ceux
qui sont restés fidèles à la voix de Jaurès, de Blum, et à tant d’autres
esprits dont la pensée n’a jamais quitté les engagements de la famille PS. Il
est question de la vie, de toutes celles et ceux qui ont besoin non plus de
rêver interminablement d’égalité des chances mais d’avoir le droit de toutes
les saisir pour vivre et se réaliser pleinement.
-« La
France n’est pas prête pour une femme et ce n’est pas demain la veille »,
clame-t-on dans l’antre habituelle de la vie du PS « la section ».
L’un dit sa défiance du système présidentiel avec des mots érudits, l’autre que
le PS doit changer ou mourir et un autre camarade insiste comme la bêtise
contre « les jupes au pouvoir, de plus en plus velléitaires partout…
». Cette première réunion de section dira beaucoup de mal sur la pelle
des dizaines d’autres qui suivront, de défaites en victoires et de victoires en
défaites, jusqu’à cette veille de printemps 2018, obligée, ici et maintenant,
de nous faire guérir de tous les hivers sombres socialistes passés, ceux qui
ont mis en berne la pensée comme la pratique politique, capables de remettre à
nouveau en mouvement la société, sans oublier les femmes.
Femme et
socialiste ? L’enthousiasme inouï d’une adhésion à 20€ en ligne est resté
intacte, après avoir affronté des vents contraires violents internes autant que
cette même adhésion en aura suscité, ensuite, d’autres nombreuses et
combattives, restées tout aussi intactes. Pourquoi ? Parce que « se
vouloir libre, c'est aussi vouloir les autres libres. »[2] En
ce sens, militer au parti socialiste demeure un engagement extraordinaire, là-même
où les plus grandes conquêtes sociales ont changé la vie !
Une élection
chasse l’autre, mais au nom d’un nouvel humanisme, faisons d’Aubervilliers le
congrès de la Renaissance socialiste et féministe où chaque militant.e sera
respecté.e, dans son entier engagement et son entier talent. Ensemble, dans cet
égalité engagée dans un travail militant, nous aurons à transformer les
statistiques médiocres qui disent le mal d’une société injuste où la moitié des
êtres humains, femmes, restent secondaires, avant dernières et dernières,
malgré un grand siècle de conquêtes de leurs droits fondamentaux.
Une voix résonne
gravement, toujours, et guide sur ce chemin de combat pour l’égalité réelle,
celle de Simone de Beauvoir : « Jusqu’ici les possibilités de la
femme ont été étouffées et perdues pour l’humanité et il est grand temps dans
son intérêt et dans celui de tous qu’on lui laisse enfin courir toutes ses
chances. »[3]
Vive le 8 mars
2018 et les autres 8 mars à venir, ceux où toutes nos chances auront été
courues !
Bienvenues !
[1] René Char, à propos de la Résistance.
[2] Extrait de « Pour une morale de
l'ambiguïté ». Essais. 18.11. 1947
[3] in « Le Deuxième Sexe », tome II,
« Vers la libération », p. 559, 1949
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